Nous y voici le D-Day, Départ Day pour les ignares, les fainéants et autres boiteux de la cervelle. J'ai l'impression d'avoir une enclume harnachée au cœur.
Ce sont les dernières tournées, bières, hugs et bisous qui s'organisent Thibault manque de me rouler une pelle. Cependant, Je préfère mettre ça sur le compte de l'émotion plutôt que d'y voir une quelconque tentative de séduction foireuse. De toute façon pour lui s'était perdu d'avance.
J'appelle mon ami Doudou et lui file ma dernière recommandation. Le bougre est prévenu, si je n'ai pas mon andouillette à la tomate le jour du Compo-contest je scellerai notre amitié à jamais. Remarquez ici, que la tâche n'est pas insurmontable, j'aurais pu lui demander une fresque.
Il est temps d'embarquer, le chauffeur du bus me demande : " Sprechen zi deutch " je réponds: "Nein". hé hé, du coup il sait pas si je mens ou pas.
Il enchaîne en anglais, fichtre me voilà démasqué. Pas grave, ce n'est qu'une joke, comme on dit au Québec.
Nous rentrons dans le bus, celui-ci lumières éteintes ne présente rien d'alarmant. L'aventure n'est pas vieille de dix mètres, mais déjà je l'adore. J'observe méticuleusement, ça foisonne de nationalités différentes, soit nous jouerons les français. Faire le Français, c'est parler, rigoler fort et un peu s'en foutre des autres, pourvu qu'on s'amuse.
Metz, changement de bus, je m'installe une fois, le chauffeur me dégage c'est sa place. Je m'installe une deuxième fois, pareil faut riper, ce n'est qu'à la sixième tentative que je me trouve enfin poster à proximité du chiotte. Cette chance si souvent salvatrice par le passé, n'aura ici aucune conséquence sur le reste du trajet.
Les lumières s'éteignent, j'entends derrière moi un autochtone se racler le fond de la gorge. Si le bruit est dérangeant, la perspective d'être l'élu
à qui échouera le jet prochain de cette mixture de boule et morve ne m'enchante guère. J'ai peur mais finalement la guerre des glaviots n'aura pas lieu.
La nuit se poursuit j'alterne entre sommeil et réveil. Je regrette de ne pas avoir pensé à mon oreiller et mon coussin laissé en soute. Huit heures
du matin, sur une aire d'autoroute, premier café en Germany. J'ouvre mon sac à dos, l'oreiller et le coussin était là au-dessus de ma tête, je regrette de ne plus avoir sommeil.
Lentement, le trajet se poursuit. Je sors les bouquins. Pas de littérature trop compliqué, juste de quoi planifier les futurs épisodes. J'ai hâte de tout, du soleil, des plages, des randos, des
filles, des fêtes, des bières, des paysages, des rencontres, du chaud, du froid. J'ai envie de Thaïlande, de Népal, de Cambodge, irai-je en Amérique du sud ? Peut-être.
Ni trompettes, ni tambours pour nous accueillir à 11h15 quand nous débarquons à Munich. C'est calme et pourtant je vibre. Où vais-je ? Qu'est ce que je fous la ? Comment je m'oriente ? On a pas de carte, vite une carte. Enfin, pas trop vite, déjà faut que je pisse.
Nos maisons sur le dos, On avance dans la ville et enfin le rêve de toute une vie s'anime.