5h30 du mat, c'est froid, glacial et le vent nous colle la morve au nez. Nous sommes à Vienne. Autriche.
C'est à partir de ce point que commence notre cinématographique descente aux enfers.
Si nous avions vécu « Une époque formidable » à Munich et à Prague, Vienne plus capricieuse semble nous promettre des heures troubles. Pour la première fois du trip,
we are « Lost », par lost, j'entends qu'il nous a fallu 10 minutes pour trouver l'hôtel.
Dans le hall, nous poireautons sagement comme deux légumes un jour de marché à Rungis. Le rideau est toujours baissé et point de Staff à
l'horizon. Comme un film de Luc Besson, cette journée s'annonce longue et pénible.
7 h, le rideau s'ouvre, et là, soudainement, c'est la « rencontre du troisième type », un Français qui n'a pour seul lien avec la poésie qu'une lointaine ressemblance
capillaire avec Francis Lalanne. Ca, c'est pour le côté physique, côté dialogue, on est plus proche de DE NIRO dans Taxi driver que de
Depardieu dans Cyrano de Bergerac.
L' accent du sud qui accompagne la prose de celui-ci ne saurait adoucir, la violence de ses propos. Le monsieur souhaite un café et fissa. Quand on traître les autres comme des merdes, c'est qu'on n'est pas loin d'en être une, je pense. Honnêtement, à choisir entre me coincer les boules dans
un étau et partager cinq minutes de mon temps avec des individus de ce genre mon cœur balance.
Il peste, bougonne, vocifère et insulte jusqu'à l'obtention de son café. Abasourdi, le serveur s’exécute. Même servi, il continue,
décidément con un jour, con toujours.
La scène passée, nous collons notre teint blafard à l'accueil espérant une accélération au niveau de la démarche. Est ce l'affront du café subit, notre teint
livide, ou peut-être avons nous recouvert la cape d'invisibilité cher à Harry Potter ? Toujours est-il
que ce n'est qu'après dix minutes de décomposition lente et certaine, que l'humilié du café nous adresse la parole. Nous ça va, on est du genre
patient dans l'ensemble. On n'allait pas pourrir ce pauvre malheureux une nouvelle fois et faire passer les Français pour des français à
nouveau. En plus, il est tout bien coiffé, une belle banane à la Elvis, ce serait d'une tristesse folle de voir celle-ci retomber comme une demi-molle mal entretenue.
Le verdict n'est pas très réconfortant, mais on s'en douter un peu. Adieu, nos espoirs d'un lit, d'un oreiller et d'une ronflette salvatrice.
À présent que la messe est dîtes, nous posons les sacs et commençons à errer dans Vienne comme deux zombies. Pas le genre zombi méchant, plutôt du
genre gentil en quête de chiottes, d'un Macdo et de Wifi.
La station de train, WESTBAHNHOF semble nous offrir le parfait combo que nous recherchons. Désillusion cependant quand
j'arrive aux toilettes et que face à moi s'érige une station de péage. Triste checkpoint monnétaire, on dirait Gandalf le gris qui hurle sur Bilbo : «
VOUS NE PISSEREZ PAS ». Au final, on a qu'une vie, je fais le fou et me paye l'accès aux tartisses.
Pancake, café, sirop d'érable, me collent les yeux en face des trous l'espace d'un instant. Je finis tout de même par m’aplatir sur le canapé et part pour un cycle d'une heure.À présent, pas la peine d'avoir les trous en face des yeux.
Je suis à peine retapé de cette mini sieste, qu'il nous faut partir. J'oscille entre le nul part et le néant, quand on croise la route de jeunes aux cranes rasés. Bombers, dock Martins sont les stigmates visible d'un passé fascisé et qui se voudrait à nouveau fascisant. Entre l’énervé de l'aurore, et ces tristes nostalgiques du passé, je me demande si je suis bien à Vienne, ville baroque et romantique. La haine a encore de l'avenir.
On est toujours à la recherche de rien, quand on tombe sur un stand de la Lufthansa qui offre des hot-dogs gratos. C'est beau la vie, même à ne pas chercher, on finit par trouver. La malbouffe
aussi a de l'avenir.
On essaye de lever les semelles, genoux, mais rien n'y fait, on est lamentable. Flo m'enchaîne ses blagues. Maintenant,
je ne veux plus seulement dormir, je veux aussi mourir.
Midi la souffrance s'arrête, retour à l'hôtel avec un seul objectif dormir. La folie viennoise attendra et pour sur elle viendra.