La trilogie Berlinoise Vs Vernon Subutex

Aujourd’hui, on va parler d’une activité que je pense être appréciée par tous les voyageurs : la littérature. Lors de nos voyages, entre les bus, les trains et les avions, un bon livre est indispensable à tout voyageur qui se respecte un tant soit peu. Je suis d'avis que la littérature offre une fenêtre souvent captivante sur le monde. Quand les auteurs nous emmènent dans leurs histoires, récits, aventures et autres délires, c'est parfois jubilatoire. Personnages haut en couleurs, cintrés ou romanesques, nous avons tous rêvé d'être le héros d'une bonne histoire. Aujourd'hui, via cet article et notre podcast, nous vous proposons la découverte de deux récits passionnants : la Trilogie Berlinoise de Philip Kerr qui vous plonge dans le Berlin tumultueux du siècle passé et Vernon Subutex de Virginie Despentes qui vous embarque dans le Paris contemporain d'un disquaire déchu et de ses déboires. Au programme, un aperçu leur contexte historique et social à travers leurs thèmes universels et intemporels. Vissez vos lunettes, faîtes bouillir l'eau du thé, sortez les plaids, ce soir, on va lire.

Présentation des auteurs

Virginies Despentes

Née en 1969 à Nancy, Virginie Despentes a connu une vie mouvementée qui a fortement influencé son œuvre. Après une enfance difficile, marquée par un internement psychiatrique et un viol à 17 ans, elle s'installe à Lyon, où elle fréquente les milieux punk et enchaîne les petits boulots. En 1992, elle écrit son premier roman, "Baise-moi", qui sera publié deux ans plus tard et adapté au cinéma en 2000, suscitant une controverse notable. Auteur de nombreux romans, essais et scénarios, Despentes est devenue une figure incontournable de la littérature française contemporaine, reconnue pour son style direct et son engagement féministe. Avec l'écriture pour passion, Virginie Despentes sera durant quatre ans membre du jury du Prix Goncourt, Rien que ça. L'époque galère pour se faire publier semble bien révolu et chacune de ses publications est un événement littéraire.

Philip Kerr

Philip Kerr, né en 1956 en Écosse et décédé en 2018 à Londres, est un auteur britannique connu pour ses romans policiers. Diplômé en philosophie et en droit, Kerr a travaillé comme rédacteur publicitaire avant de se consacrer entièrement à l'écriture grâce au succès de sa "Trilogie Berlinoise". Il écrivit aussi des livres de littérature jeunesse sous le pseudonyme P.B Kerr. Toutefois, c'est vraiment son personnage de Bernie Gunther qui sera le fil rouge de sa carrière, car ce sont au total 14 livres ayant Bernie pour héros qui seront publiés. Agatha Christie avait son Hercule Poirot, Kerr lui a Bernie Gunther détective allemand au flegme britannique.

Les livres, leurs thèmes et personnages

La Trilogie Berlinoise

Si cette présentation des livres, leurs thèmes et leurs personnages sont les parties qui vous chauffent le plus de découvrir, on ne peut que vous inviter à écouter notre podcast (accessible, plus haut dans cet article). En plus de couvrir vos oreilles du miel de nos voix, vous y trouverez une analyse plus longue, rigoureuse de ce que nous vous présentons ci-dessous. Comme on reste sympa et bien urbain, on pose ici quelques lignes en guise d'apéritif pour découvrir Vernon Subutex et la trilogie berlinoise.

 

Les gros malins que vous êtes et que nous sommes avons très largement compris, que par trilogie, nous parlons ici de trois romans. Donc dans la "Trilogie Berlinoise" nous suivons les enquêtes de Bernie Gunther, un détective privé dans le Berlin des années 1930 et 1940, une période qui s'étend de la montée du nazisme, aux conséquences de la seconde guerre mondiale. Entre 1936 et 1947, pour être tout à fait précis.

 

Ces trois romans sont :

 

L’été de cristal (1936) :  Bienvenue en 1936, époque déjà pourrie, et qui ne va pas s'améliorer tout de suite. Les Jeux olympiques ont lieu à Berlin, Bernie Gunther, un ex-flic reconverti en détective privé, est engagé pour enquêter sur le vol et le meurtre de Grete Wohlfahrt, fille d'un riche industriel juif. Ses recherches le plongent dans un labyrinthe de corruption et de danger, impliquant des hauts-gradés nazis, la Gestapo et les SS. Choisissez votre poison ! Notre détective doit faire face à des choix cruciaux et périlleux pour faire avancer l'enquête et protéger sa vie. En effet, derrière la façade brillante que souhaite présenter au monde le régime nazi à travers ces Jeux olympiques, se cache une réalité bien moins reluisante : disparations, meurtres, violences et autres saloperies du même genre.

 

La pâle figure (1938) : Juste avant l’Anschluss, l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie. Bernie Gunther est recruté pour élucider une série de meurtres sexuels macabres. Cette enquête le confronte à des dilemmes moraux profonds, car elle implique des membres influents du parti nazi. À nouveau, Bernie va devoir se montrer malin pour ne pas se mettre dans la sauce, les régimes autoritaires font rarement preuve de mansuétude. Gunther devra donc décider jusqu’où il est prêt à aller pour résoudre l'affaire sans compromettre ses valeurs et sa sécurité. Parallèlement, ses luttes personnelles ajoutent une couche de complexité à sa mission, illustrant les défis omniprésents d'une société en pleine malsaine transformation.

 

"Un requiem allemand" (1947) :

Dans un Berlin dévasté par la guerre où tout se vend et tout s'achète, Bernie accepte d’aider une vieille connaissance pour enquêter sur le meurtre d’un ancien S.S. Ce qui ressemble à une affaire "classique" de meurtre ne l'est pas vraiment, entre Berlin et Vienne, Gunther va devoir jongler avec les intérêts des puissances alliées - Américains, Français, Britanniques et Russes - qui se disputent les restes de l'Allemagne. Son enquête le mène à découvrir un réseau d'anciens criminels nazis qui tirent les ficelles en coulisses. Les enjeux sont bien plus vastes qu'il ne l'avait anticipé. Encore une fois, il va falloir jouer les funambules pour découvrir la vérité et accessoirement rester en vie.  

Bien que Bernie pratique l'humour du genre pince-sans-rire, il faut bien dire que les thèmes abordés ne sont pas les plus joyeux qui soient. La montée du nazisme, les pogroms, la corruption, l'impact d'un régime totalitaire et sa violence sur les populations ont de quoi dégoûter. Heureusement, le style de Kerr évite les écueils classiques et nous immerge dans cette période avec une rigueur historique remarquable et captivante (ah les polars !). Les dilemmes moraux vécus par les protagonistes apportent une profondeur psychologique aux personnages et donc au récit. La géopolitique n'est pas oubliée, l'impact de la Seconde Guerre mondiale est un thème central. Cet aspect me paraît être le plus développé dans "Un requiem allemand ", car on voit clairement les vainqueurs se partager le butin après la capitulation allemande.

Niveau personnages, c'est pas la panacée, à part notre privé qui est un personnage sarcastique et déterminé, on ne trouve pas d'autres caractères récurrents. L’intérêt des personnages secondaires réside à travers de ce qu'ils représentent. Par exemple, Bruno Stahlecker et Friedrich Korsch sont deux anciens collègues policiers qui aident Bernie dans ses enquêtes. Hermann Six, haut fonctionnaire nazi et Goebbels et Heydrich, personnages historiques, sont pour Gunther la menace qui le guette. Enfin, il y a les femmes qui ont une place prépondérante dans le récit, tantôt alliée, tantôt ennemies. Elles sont pour Kerr, des personnages centraux, on retrouve dans leurs motivations une grande partie des thématiques abordées dans les trois bouquins.

 

Vernon Subutex

"Tome 1"

Le premier tome de Vernon Subutex commence par la chute de Vernon, un ancien disquaire parisien, après la fermeture de son magasin de vinyles. On a envie de dire "Bad timing" quand on voit le succès que remporte les disques vinyles aujourd'hui. Un autre événement tragique arrive à Vernon, la mort de son ami Alex Bleach. Vernon se retrouve alors sans ressources, il est obligé de quitter son appartement et de vivre dans la rue. Ce livre explore la déchéance sociale et la perte d'identité à travers les errances de Vernon, tout en introduisant une galerie de personnages secondaires issus de divers milieux parisiens. Le récit est imprégné de références musicales, illustrant la passion de Vernon pour la musique qui devient son dernier refuge. Virginie Despentes utilise cette descente aux enfers pour critiquer la société contemporaine et ses inégalités.

"Tome 2"

Dans le tome 2, les vies des personnages rencontrés dans le premier tome s'approfondissent, et on découvre autour de Vernon un tissu de relation complexe. Pour Vernon, la situation ne s'améliore guère et il voyage d'ami en ami et de canapé en canapé, malgré à ce qui s'apparente à un parcours de loser, il reste la figure centrale de ce groupe de marginaux. Des secrets bien enfouis refont surface ce qui va mettre cet édifice d'amitiés à rude épreuve. La critique sociale s'aiguise encore plus dans ce deuxième volet et les thèmes comme le racisme, la précarité et la violence sont présents du début à la fin. Enfin, Vernon, qui ne le sait pas encore, possède un "Objet posthume" en sa possession qui va augmenter les enjeux pour les protagonistes à l'aune du tome 3.

"Tome 3"

C'est donc le dernier tome, et on approche fatalement du dénouement, va donc falloir se préparer à dire au revoir à cette galerie de personnages que l'on aura adoré ou détesté. La trajectoire et les choix de chaque personnage vont prendre fin, avec des conséquences heureuses ou malheureuses pour tous. Vernon quant à lui est ce dieu des platines qui apporte une danse tribale et salvatrice à son peuple, devenant un mythe, une légende, de la déchéance à la rédemption. Si la critique sociale a été développée lors des 3 premiers livres, ce sont les thèmes comme l'appartenance, la spiritualité et l'héritage qui s'épaississent au fil des pages et qui deviennent centraux.

Conclusion

Si cet article vous a plu et que vous souhaitez en savoir plus sur la trilogie Berlinoise et Vernon Subutex, foncez écouter notre podcast (tout en haut de cette page) car on y parle des personnages principaux et secondaires, on partage quelques citations qui nous ont plu. On y parle aussi des lieux présents dans les livres à découvrir à Berlin et à Paris. Avec mon comparse Flo, on vous souhaite de bonnes lectures, chez vous, dans le train, dans l'avion, sur votre trône ménager. Ici, on ne présente que deux œuvres et y en a encore beaucoup à découvrir ou redécouvrir. Ces deux-là, en tout cas vous plongeront dans deux univers différents, si elles avaient un point commun, ce serait la violence qu'elles imposent de facto à leurs citoyens, la dictature pour l'un, le capitalisme et ses résultantes pour l'autre. Si les styles diffèrent, l'univers sombre du polar chez Kerr et le style narratif de Despentes vous embarqueront à coup sûr. Vous n'avez plus qu'à choisir par lequel commencer et si vous n'êtes pas sûr, Bricovoyage a d'autres conseils lecture à vous offrir.

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À propos,

Bricovoyage, c'est un beau roman d'amitié entre ces 2 âmes vagabondes que sont Rudy et Florian.

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Pour 2022, des envies nouvelles nous habitent et nous sommes heureux de vous les présenter ici.